Cher lecteur, la foi de l’Eglise évangélique luthérienne est exprimée
dans la «Confession d’Augsbourg».
Connaissez-vous cette confession ? Son histoire, son contenu, sa valeur ?
Ou n’en avez-vous qu’une vague idée ?
De l’histoire ancienne, direz-vous, puisque nous fêtons l’an prochain
ses 480 ans ! Mais quiconque s’intéresse au luthéranisme ne peut igno-
rer les circonstances de cet événement fondateur. Votre magazine vous permettra de mieux la connaître, ou peut-être de la découvrir.
Martin Luther n’a pas été à Augsbourg ; il avait été mis au ban de l’empire. Il ne pouvait pas défier l’empereur par sa présence. Ce fut donc un juriste, le Dr Christian Beyer, chancelier de la Saxe, qui lut cette confession (rédigée par Melanchthon) devant l’Empereur Charles Quint.
L’histoire de la Confession
Extraits de « J’aime mon Eglise » – Traités luthériens, Strasbourg, 1924.
Entrons dans la salle du conseil de l’évêché à Augsbourg. Trois heures de
l’après-midi viennent de sonner. Sur son trône, le jeune Charles V (il n’a-
vait que 21 ans), autour de lui les dignitaires de l’empire et de l’Eglise.
Il avait bien voulu céder aux instances des princes évangéliques et prêter l’oreille à la lecture de leur confession, contrairement aux avis des cardinaux et princes catholiques, qui faisaient leur possible pour empêcher sa lecture officielle. Ces dignitaires réclamaient tout simplement la stricte application de l’édit de Worms et au besoin l’emploi de la force. Ils avaient interdit les prédications des réformateurs à Augsbourg mais les princes évangéliques en instance continuelle auprès de leur empereur, avaient gagné sinon son cœur, du moins sa raison.
Sur son trône dans la salle du conseil, il avait devant lui cette poignée de
confesseurs; non seulement des théologiens et docteurs en robes noires, des citoyens en habits simples, mais aussi des chevaliers dans leurs cuirasses d’acier, des princes dans leurs manteaux de pourpre, qui n’a-
vaient pas honte de l’Evangile de Jésus-Christ, prêts à souffrir le ban-
nissement, le martyre pour la bonne cause.
Tout près des confessants se tenait le prince JEAN DE SAXE. Aux théolo-
giens qui voulaient se présenter seuls à l’empereur, il avait dit : « Dieu ne veut pas que vous m’excluiez ; je confesse Christ avec vous. Mon chapeau de prince n’a pas autant de prix que la croix de Christ ; celui-ci restera ici-bas, la croix m’accompagnera au ciel. »
Près de lui, l’héroïque vieillard GEORGE BRANDEBOURG, qui quelques jours
auparavant avait déclaré à l’empereur : « Je préférerais m’agenouiller
devant Votre majesté et me faire trancher la tête plutôt que de renier
Dieu et son Evangile. »
Et à ses côtés, le Prince-chevalier WOLFGANG DE GOTHA, qui en souscrivant à la Confession, disait : « J’ai fait pour de bons amis et seigneurs maintes courses ; pourquoi ne devrais-je pas, si la nécessité se présente, seller mon cheval et, sacrifiant corps et vie, aller en hâte vers la couronne d’honneur de la vie éternelle ? »
Près de lui, les représentants des villes de Nuremberg et de Reutlingen. Les premiers avaient écrit à leur magistrat : « A notre avis, il n’y a pas lieu de céder, si nous ne voulons donner plus de prix à la grâce de l’empereur qu’à celle de Dieu » ! Et derrière cette élite de chrétiens, des
milliers de protestants proches et lointains, qui tous étaient d’accord avec cette Confession.
Comme la salle ne put contenir que 200 personnes et que l’empereur
n’en aurait pas concédé de plus spacieuse, la cour et la rue étaient bondées d’amis et de curieux. Mais le Dr. BEYER força sa voix, de sorte qu’elle pénétra par les fenêtres ouvertes claire et compréhensible au-dehors. Et plus loin encore, elle fut entendue dans tous les coins et recoins de l’empire ; elle réfuta les adversaires, elle convainquit les hésitants, elle affermit les croyants, elle unit les disséminés, et cela partout où la Parole de Dieu pouvait pénétrer dans les oreilles et dans les cœurs.
Dans la salle du chapitre, la Confession fut écoutée « au milieu
d’un silence religieux et d’un étonnement profond de la part des adver-
saires » (Félix KUHN). Elle était signée « De Votre Majesté impériale, les sujets : Jean, duc de Saxe, électeur Georges, marquis de Brandebourg, Ernest, duc de Lunebourg, Philippe, Landgrave de Hesse, Jean Frédéric, duc de Saxe, Wolfgang, prince d’Anhalt, le Sénat et le Magistrat de Nuremberg, le Sénat de Reutlingen ».
MERLE D’AUBIGNÉ, dans son Histoire de la Réformation (tome IV, p. 293)
raconte ce qui suit : Marie, la sœur de CHARLES QUINT, reine de Hongrie,
avait perdu son mari pendant une bataille. Elle était encore jeune et
avait appris à aimer le pur Evangile.
LUTHER lui avait adressé le commentaire de quelques psaumes pour for-
tifier sa foi. Venue à Augsbourg pour assister à cette rencontre, elle demeurait dans le palais de l’empereur. Cette chrétienne eut le courage d’affronter son frère et les autorités religieuses en permettant aux protestants de se rassembler chez elle et de célébrer leur culte !
En effet, il avait été interdit aux Protestants de se réunir autour
des Moyens de grâces durant tout leur séjour à Augsbourg.
Admirons ici la grandeur de Dieu qui règne au milieu de ses ennemis !
La reine Marie prit donc part à tout ce qui se passait dans ces jours orageux à Augsbourg.
La Confession : son contenu et son importance.
En 2003, les Editions du Cerf, en association avec Labor et Fides, ont
réédité LA FOI DES ÉGLISES LUTHÉRIENNES(1). Cet anniversaire nous donne à nouveau l’occasion de vous encourager à ce type de lecture. L’ouvrage, bien sûr, contient la Confession d’Augsbourg dont voici les principaux articles de foi : Dieu ; le péché originel ; le Christ ; la justification ; le ministère ecclésiastique ; la nouvelle obéissance ; l’Eglise ; l’efficacité des moyens de
grâce ; le baptême ; la sainte-Cène ; la confession ; la pénitence ; l’usage des sacrements ; les ordres ecclésiastiques ; les rites ecclésiastiques ; le pouvoir civil ; l’avènement de Jésus-Christ pour le jugement ; le libre arbitre ; la cause du péché ; les bonnes œuvres ; le culte des saints.
On raconte qu’après la lecture de la Confession, le duc GUILLAUME DE BAVIÈRE reprocha aux théologiens de son église de lui avoir travesti la foi
protestante. Ils répondirent qu’ils pourraient réfuter la Confession avec
les Pères de l’Eglise, mais pas avec la Bible. Le duc s’écria alors : « Ainsi, les Luthériens sont assis dans la Bible, et nous à côté d’elle » !
Puisse le Seigneur ne jamais nous faire le même reproche !
- LA FOI DES ÉGLISES LUTHÉRIENNES. Confessions et catéchismes. Ed. Cerf. Réédition, 600 pages ; 28 euros.