Quand et comment Saul de Tarse a-t-il été converti à Jésus-Christ

Lire préalablement Ac 9.1-22.

Fin janvier – le 25, pour être précis –
l’Eglise a coutume de commémorer l’in-
tervention divine pour convertir Saul de
Tarse, futur apôtre Paul. Les idées répan-
dues à ce sujet sont-elle bien claires et,
surtout, correspondent-elles toujours à
ce qu’en dit l’Ecriture Sainte ?

1

On a parfois l’impression que bien des
gens considèrent que la conversion de
Saul, c’est ce qui s’est passé sur le che-
min de Damas. Non. A ce moment, il ne
savait même pas ce qui lui arrivait et qui
était celui qui s’adressait à lui (Ac 9.5).
A ce moment il a été désarçonné – au
sens propre comme au sens figuré – par
Jésus pour pouvoir être amené au
contact de l’Evangile.
Chez Saul aussi la conversion à Jésus-
Christ a été produite par l’Evangile et
non pas par le miracle sur la route de
Damas. Aucun miracle ne convertit
(Lc16.31).
Il a fallu qu’Ananias l’instruise et – un
peu comme Aquilas et Priscille l’ont fait
avec le spécialiste de l’AT qu’était
Apollos (Ac 18.24-26) – il a fallu
qu’Ananias « démontre » à Paul « par les
Ecritures [de l’Ancien Testament qu’il
connaissait bien en tant que rabbin] que
Jésus est le Christ » (Ac 18.28), « que
Jésus est le Fils de Dieu » (Ac 9.20).
Le lent et profond travail de préparation
à la conversion avait commencé bien
avant déjà, avec l’étude de l’Ancien
Testament dont Paul connaissait les tex-
tes par coeur, entre autre ceux des pro-
phéties messianiques, mais il ne les com-
prenait pas encore correctement. C’est
l’Evangile annoncé par Ananias à Saul de
Tarse qui a produit cette conversion et
adhésion à Jésus de Nazareth comme
étant le Sauveur promis.
A lire certains auteurs, on a l’impression
que la conversion était une opération
irrésistible de Dieu sans qu’il n’utilise
l’Evangile comme moyen de grâce,
comme si c’était une intervention directe

et immédiate de Dieu sans utilisation de
l’Evangile. C’est là la position de ceux
que les « Confessions Luthériennes »
appellent les « enthousiastes », entre
autre de Zwingli. L’Ecriture enseigne tout
le contraire.
Que ce soit Jésus lui-même ou ses apô-
tres, tous indiquent que la conversion
est produite par le témoignage des
croyants (Jn 17.20), « par l’Evangile »
(1 Co 4.15), « par la parole vivante et
permanente de Dieu » (1P1.23)
Il est trompeur d’affirmer que Dieu a
le pouvoir de terrasser et de convertir
n’importe qui. Il en a sans doute le
pouvoir, mais il a choisi d’y renoncer.
Il ne veut pas imposer sa grâce et son
salut. La seule « puissance » qu’il utili-
se pour cela, c’est « l’Evangile » (Rm
1.16 ; 10.14), et on peut s’opposer et
résister à cette action sanctifiante et
régénératrice de Dieu, même à l’épo-
que où Jésus lui-même l’annonçait
(Mt 23.37).

2

Ce qui est arrivé à Saul de Tarse doit
nous inciter à prier pour que les
incroyants, particulièrement ceux qui
nous sont proches, soient convertis
comme Saul l’a été. Mais là aussi, ne
devenons ni théoriques ni abstraits.
Là aussi, ne faisons pas de la prière un
moyen de grâce, un moyen qui à lui seul
pourrait amener la conversion de quel-
qu’un. Prier pour la conversion, cela
signifie prier pour que Dieu amène ces
proches au contact de l’Evangile du
Christ (seul moyen de conversion), cela
signifie aussi : prier pour que nous puis-
sions être mis nous-mêmes en situation
de leur apporter l’Evangile (nous, à qui
Dieu a remis cet outil de conversion
entre les mains).
Une prière « décharnée » est-elle sérieu-
se ? Autrement dit : une prière qui se
désengage, une prière qui n’a pas sa
contrepartie dans la vie de témoin, est-
elle honnête ou est-ce un moyen facile
de se donner bonne conscience ?
Bien évidemment, nous avons besoin
d’être exhortés à prier pour la conversion
des incroyants. Mais en même temps, il
faut nous rappeler de mettre notre vie
en harmonie avec une telle prière ; lier la
prière pour la conversion à une attitude
de témoin, de pratiquant du seul instru-
ment de conversion, l’Evangile.
Le récit de la conversion de Paul com-
porte l’exemple d’Ananias, bel exemple
de quelqu’un qui a dû surmonter sa réti-
cence à témoigner de Jésus-Christ dans
un contexte qu’il croyait hostile.
Un grand théologien du 16ème siècle,
Martin Chemnitz, a écrit : « La Confes-
sion d’Augsbourg tance avec force ceux
qui recherchent ou enseignent de recher-
cher la réconciliation avec Dieu et le par-
don des péchés indépendamment du
service de la Parole et des sacrements. »
La prière à elle seule n’est pas un moyen
de grâce.