
Les pieds ont besoin d’espace ou pour pouvoir se tenir debout. Les pieds ont besoin d’un chemin sur lequel ils peuvent marcher. Les pieds ont un chemin par lequel ils sont venus.
Les pieds ont besoin d’espace :
Il arrive que quelqu’un se rapproche trop de moi, qu’il me marche sur les pieds. Alors je lui dis : « Fais-moi de la place ; tu me prends mon espace vital ! »
Mais que se passe-t-il si mon mode de vie n’est plus adapté à ma famille, à mes amis ou à mon pays.
C’est ce que ressentent beaucoup de personnes originaires d’Iran ou d’autres pays musulmans. Nous avons appris à les connaitre. A cause de leur foi ou à cause de leur point de vue politique, ils ont perdu l’espace où ils peuvent se tenir debout. Ils n’ont plus de patrie !
C’est pour cette raison qu’ils se sont mis en route et sont arrivés en Allemagne. Mais souvent, ici également, ils ne trouvent pas d’espace pour leurs pieds.
D’abord, parce qu’ils ne connaissent pas la langue et la culture de leur pays d’accueil.
Ensuite parce qu’ils n’ont pas le droit de travailler ici.
Enfin parce qu’ils doivent souvent séjourner longtemps dans des résidences d’accueil avant de pouvoir effectuer une démarche d’intégration.
Mais il n’y a pas que les immigrés à ne pas trouver de chemin et d’espace pour poser leurs pieds.
Des Allemands également se trouvent souvent repoussés au bord de la société. Ils ont perdu leur travail, car ils sont trop vieux, car ils n’ont plus d’atomes crochus à leur lieu de travail, ou car le poste à été supprimé. D’autres sont rejetés, délaissés ou séparés de leur propre famille.
Il y a beaucoup d’enfants sans vrai parents, et beaucoup de familles monoparentales qui ne parviennent plus à maitriser la situation. De ce fait de plus en plus d’enfants ne sont plus intégrables dans la société « normale ». Ils ne parviennent pas à se concentrer à l’école et sont très rapidement déclassés dans des sections d’adaptation.
Dans notre travail missionnaire en Allemagne, nous nous sommes concentrés sur ces personnes en marge de la société
• dans la paroisse missionnaire de Berlin-Marzahn ;
• parmi les immigres en Saxe, à Leipzig et environs ;
• et parmi les enfants dans la partie Est de Leipzig
Ce que nous proposons aux personnes, ce n’est pas du travail, un passeport allemand ou une meilleure position dans la société. Nous pouvons seulement montrer à ces personnes qui « n’ont ici-bas pas de cité permanente » qu’il en existe une éternelle (Hé.13.14)
Nous pouvons leur montrer qu’il existe un Père céleste qui les aime et les accepte tels qu’ils sont et que de ce fait ils ont une patrie céleste.
Notre travail àBERLIN-MARZAHN
La paroisse de L’Eglise Evangélique Luthérienne Indépendante à Berlin-Marzahn n’a que 12 ans. A l’époque, notre activité missionnaire se concentrait particulièrement sur le secteur missionnaire à l’est de l’Allemagne. Marzahn se trouve dans l’ancienne Allemange de l’Est sous régime communiste de la fin de la guerre (1945) à 1989. Marzahn appartenait et appartient toujours à ces régions de l’ancienne Allemagne où habitent peu de chrétiens. Ce sont des personnes qui, depuis longtemps, n’ont plus eu de contact avec le christianisme et avec l’église.
De telles personnes sont en complet désaccord avec l’église, le christianisme, et la foi.
Permettez-moi de vous en donner une petite illustration.

Le Protée, aussi appelé salamandre blanche, est un drôle de petit animal qui vit dans des grottes. Comme on peut le reconnaître sur la photo, il a des yeux. Ces yeux ne peuvent par contre pas voir. Ceci provient du fait que le Protée a oublié de voir au cours des années.
Permettez-moi de vous présenter une autre espèce « Homo Sapiens areligiorus Berliensis » (l’homo sapiens areligieux berlinois).
Avec lui c’est pareil que pour le Protée. Il a oublié qu’il existe quelque chose comme un Dieu. Il ne peut plus croire. De ce fait il a perdu ses antennes religieuses.
Une telle personne considère une discussion sur la foi comme extraterrestre. Pendant un culte, il comprend chaque mot mais pas les phrases. Lorsqu’une telle personne vient en contact avec des chrétiens et avec l’église c’est comme si on exposait un Protée à la lumière du jour. Il trouve la lumière et les couleurs étranges, incompréhensibles et inquiétantes.
Et pourtant il arrive que de telles personnes demandent après Dieu de manière toute différente, toute nouvelle. Ces personnes ont un avantage sur les chrétiens : Ils peuvent encore s’étonner. Cela se vérifie avec les questions qu’ils posent :
« La foi, dites moi donc comment ça fonctionne ! »
« Prier, au fait, comment faut-il faire ? »
Mais avant que de telles discussions soient possibles il faut des interactions. Ce qui veut dire que des personnes doivent trouver le chemin de l’église. Ou ils doivent rencontrer des chrétiens pour que de telles discussions puissent avoir lieu.
A Berlin-Marzahn nous avons trouvé ce chemin à travers un merveilleux projet de service social. A Berlin-Marzahn vivent beaucoup de familles socialement faibles. Souvent, ces familles ne peuvent pas survivre avec l’aide des seules prestations sociales. Elles ont besoin d’un petit coup de pouce.
D’un autre coté notre économie de marché fonctionne sur le principe d’avoir plus d’aliments dans les rayons que nécessaire. Ces denrées alimentaires sont détruites juste avant la date limite de consommation.
Certains faits choquent mais chaque deuxième banane, pomme de terre ou salade produite est destinée à la poubelle. Nous essayons de limiter un peu ce gâchis monstrueux. L’excédent des uns nous permet de donner le coup de pouce à d’autres.
Naturellement c’est une entreprise audacieuse et complexe que de
réintroduire dans le circuit de consommation des denrées alimentaires rejetées par les marchés.
Nous disposons pour cela de 2 camions frigorifiques et d’environ 50 collaborateurs bénévoles. Ces collaborateurs collectent, trient et redistribuent les denrées.
Entre temps le projet à pris une telle ampleur que deux fois par semaine des dons alimentaires sont distribués à 150 familles.
Naturellement le contact quotidien avec les collaborateurs bénévoles est d’une grande importance.
La distribution des denrées alimentaires offre beaucoup d’occasions de discussions. Il y a également un groupe d’enfants qui réunit jusqu’à 20 jeunes. Ces enfants sont également invités 3 fois par an à des week-ends pour jeunes ou à d’autres manifestations. De cette manière il y a toujours une occasion pour témoigner de l’évangile de Jésus Christ.
Moi même j’ai repris ce travail fin 2009 en tant que responsable intérimaire car le poste était vacant. Maintenant enfin un successeur été trouvé pour printemps 2014 en la personne du Pasteur Kirsten Schröter. Nous nous réjouissons de son arrivée et lui souhaitons la bénédiction de Dieu pour ce travail crucial.
Le travail parmi LES IMMIGRES en Saxe (Leipzig et environs)
Les pieds ont besoins d’un chemin à parcourir. Depuis 2006 mon travail principal se fait parmi les immigrés à Leipzig.
Nous ne pouvons promettre aux immigrés ni travail ni autorisation de séjour en Allemagne. Nous pouvons par contre leur montrer le chemin sur lequel Jésus nous a conduits. Ce chemin n’est pas limité dans l’espace ou dans le temps. C’est le chemin qui mène à Dieu et de ce fait conduit à un espace et une liberté éternels.
Et pourtant nous voulons et nous devons accompagner ces personnes un bout de notre chemin commun sur terre. Nous pouvons autant que possible faciliter leur intégration en Allemagne et dans notre paroisse.
Celui qui se met en route pour aider ces personnes aide à porter une lourde charge.
Il est difficile de les accompagner, car ces nouveaux Européens viennent d’un tout autre monde. Ils ont une histoire et un long chemin derrière eux.
Il est difficile de les accompagner, car nous aussi nous avons notre histoire et nos antécédents.
On peut dire : Deux mondes se rencontrent. Le monde des immigrés et notre monde. Ces deux mondes se font face et s’opposent. Ils se trouvent entre le marteau et l’enclume. En persan on dit : « Deux montagnes ne se rencontrent pas, mais deux personnes, oui. »
Dans ces conditions, des mots tels que adaptation, assimilation, tolérance, renoncer, ne sont pas adaptés.
Malgré les grandes différences, il existe un chemin. Quelque chose de nouveau peu naitre. Nous voulons oser prendre ce chemin. Nous le pouvons car Jésus nous à donné le chemin commun. Nous connaissons le but ultime ; nous avons le même Maitre ; nous pouvons donc y aller et nous engager sur ce chemin.
Le travail à Leipzig est un petit aperçu du travail avec les immigrés venus principalement d’Iran.
« Je m’appelle Khosrow (à gauche). Il y à 2 ans, j’ai fui l’Iran. J’ai d’abord pris un itinéraire terrestre. Pour finir, j’ai rejoint l’Italie à partir de la Grèce sur un bateau pneumatique. Pendant cette traversée, deux personnes sont mortes.
J’ai 19 ans et ma dernière négociation au tribunal en vue de mon admission en Allemagne est restée sans succès. Je suis donc toléré, mais je n’ai pas le droit de travailler en Allemagne ou de suivre une formation. »
« Je m’appelle Massoud. En fait je suis Kurde, mais je parle couramment le persan. J’ai déjà été baptisé dans le nord de l’Irak. De ce fait, il m’était impossible de rester vivre en Irak comme, d’ailleurs, en Iran. Le même jour que Khosrow, j’ai dû répondre aux
mêmes questions de la Commission d’Immigration. Nous devions également tous les deux chanter une chanson au tribunal. Moi, ils m’ont cru, Khosrow non… Allez comprendre ! J’ai maintenant une autorisation de séjour, lui pas. Personne ne comprend les argumentations. »
« Je m’appelle Thomas Beneke . J’ai terminé mon premier examen Théologique en octobre 2012. Je suis maintenant vicaire à Leipzig et à Berlin. »
« Je m’appelle Hugo Gevers. Je suis né en Afrique du Sud et je suis missionnaire en Allemagne parmi les immigrés et autres populations depuis 2006. »
« Je m’appelle Rezar Habili. et je suis un des nombreux collaborateurs bénévoles de ce projet missionnaire. Le plus souvent je réalise les traductions au centre d’accueil de réfugiés d’Elbisbach (près de Leipzig). Thomas et moi voulons vous expliquer comment nous effectuons un bout de chemin avec beaucoup de personnes différentes. »
Deux fois par semaine nous nous rencontrons à Leipzig, à Elbisbach et à Grimma. Là nous enseignons, conduisons des études bibliques et traitons de thèmes sociaux. L’instruction est faite à l’aide du catéchisme de Martin Luther ou en rapport avec des questions thématiques.
L’étude biblique tient compte du calendrier de l’église, et les thèmes sociaux nous sont fournis par l’actualité ou les problèmes administratifs ou judiciaires que nous rencontrons.
Bien sûr tout doit encore être traduit en persan ou en arabe.
Une bonne relation avec la direction du centre d’hébergement des immigrés (à droite) et avec tous ses résidents est primordiale.
La directrice de l’établissement organise des groupes de travaux manuels avec nos collaborateurs et les habitants du village. Précisément, ce type de rencontre aide les immigrés à se sentir à l’aise et à apprendre l’allemand.
Deux collaborateurs bénévoles nous aident également en assurant un cours de langue (l’allemand) à Leipzig et une fois par semaine un bénévole se déplace à Elbisbach pour y proposer la même chose.
Depuis 2006 notre bureau à Leipzig s’appelle « Die Brücke » (le pont). Ce sigle s’explique par lui-même. Nous voulons construire des ponts entre les hommes. Mais en fin de compte nous voulons annoncer à ces personnes le chemin vers Jésus. Lui seul est le pont entre les hommes et Dieu.
Le panneau au bas de la page précédente essaye de représenter tout cela. L’artiste, Thomas Beneke, s’est inspiré de 2Co 5.19 : « Dieu était en Christ : il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la Parole de la réconciliation. Nous sommes donc des ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu adressait par nous son appel. Nous supplions au nom de Christ : “Soyez réconciliés avec Dieu !” »
En aout 2012 nous avons déménagé dans une autre partie de la ville de Leipzig, dans le quartier de Volkmarsdorf. 50% des habitants sont des immigrés. Il y a aussi beaucoup de chômeurs.
Le nouveau bureau « Die Brücke » est situé exactement en face de l’église St-Luc. Depuis 20 ans cette église n’est presque plus utilisée pour des cultes.
Travail avec les enfants

En collaboration avec la paroisse luthérienne de la Ste-Trinité de Leipzig et de notre église sœur aux Etats-Unis nous voulons annoncer l’Evangile de Jésus Christ dans l’église St-Luc et dans ses environs.
Nous avons organisé une fête pour l’inauguration de «Die Brücke »
Depuis lors, beaucoup de jeunes et d’enfants nous rendent visite dans nos locaux. Nous rencontrons ces jeunes chaque lundi. En plus nous animons deux fois par mois un groupe de petits enfants et une fois par mois une rencontre de jeunes avec les jeunes de la paroisse luthérienne de la Ste-Trinité.
Khosrow et Arash sont d’un grand secours. Ils aident tous les deux à nous occuper des enfants ; ils aident aussi à préparer les repas. Khosrow et Arash on un cœur pour ces enfants car ils ont remarqué que ces enfant sont comme eux : sans patrie.
Oui, les enfants avec lesquels nous travaillons viennent de situations
difficiles et n’ont souvent pas vraiment de « chez soi » dans leur propre famille. Il n’y a pas que les immigrés à être rejetés à la périphérie de la société comme de la fausse monnaie, ces
enfants ne trouvent pas non lus de vraie place à l’école ou dans les services sociaux. Eux ont également besoin d’un espace, d’un chemin où ils peuvent vivre et marcher.
Nous ne savons pas toujours comment nous y prendre avec ces enfants. C’est un risque. C’est douloureux. Ça coûte beaucoup de temps et beaucoup de larmes
Nous savons seulement que Dieu cherche celui qui est perdu. La parabole du fils perdu (Lc 15.11-24) nous aide. Le père ne l’aime pas seulement parce qu’il revient, il l’a aussi aimé pendant qu’il s’était détourné de lui.
Les enfants sont d’une importance vitale. Si nous ne nous occupons pas d’eux maintenant nous le payerons d’une manière ou d’une autre plus tard. Mais le plus important, c’est que les enfants sont encore ouverts pour l’Evangile.
Dieu a encore déposée une autre tâche à nos pieds. A Grimma, la direction du centre appelle au secours. Ils ont 30 enfants au centre ; la plupart sont des réfugiés arrivés récemment. Dans le centre il n’y a pas de jouets ou d’autres objets dont les enfants ont besoin. Amar (sur la photo est déjà en Allemagne depuis plus longtemps. Il a 6 ans et c’est notre traducteur !
De l’espace …
Mais avec beaucoup de travaux de bricolage le langage des gestes est suffisant.
Dans ce centre nous avons maintenant accès à un local non chauffé. Nous apportons un matelas ou des couvertures que nous étalons sur le sol. Les enfants acceptent tout avec reconnaissance. C’est un vrai plaisir de travailler avec eux.
Maintenant nous avons trouvé d’autres mains pour nous aider. Le 3 avril le
Chris Ahlmann est arrivé à Leipzig avec sa famille. Ils viennent de l’Eglise Luthérienne – Synode du Missouri (ESA). Chris Ahlmann est diplômé en musique et en théologie. La moitié de son temps est dédié à la coordination du nouveau projet autour de l’église St-Luc. Nous sommes impatients sur ce que Dieu a prévu avec nous tous.
Hugo Gevers