Travailler plus pour gagner plus
Voilà le slogan lancé par notre dernier président de la République et il est suivi par de nombreux adorateurs du pouvoir d’achat qui réclament à corps et à cris une amélioration de leurs conditions de vie.
Ce qui caractérise notre société c’est son insatisfaction perpétuelle. « Toujours plus ! » avait écrit François de Closet et il aurait pu ajouter à son titre : « et toujours moins de satisfaits et de gens heureux ».
La possession de biens n’a jamais eu pour corollaire, une félicité parfaite ; ce serait plutôt le contraire. L’insatisfaction, la contestation, les récriminations sont, hélas ! le propre de l’homme, et cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est vieux comme le monde puisque déjà au paradis, Adam et Ève, insatisfaits du bonheur dont ils jouissaient, voulurent être comme Dieu.
Nous avons appris à nos dépends où ce désir insensé a conduit l’humanité toute entière. Malgré la terrible sanction de l’Éternel,
l’homme continue à manifester son insatisfaction et son ingratitude pour les biens que Dieu, dans sa grâce, lui accorde si généreusement.
Ce perpétuel mécontentement, on le trouve non seulement chez les impies mais aussi, hélas ! chez enfants de Dieu.
Voyez les Israélites après la délivrance miraculeuse de leur esclavage en Égypte, à la moindre difficulté ils accusent Dieu et Moïse de vouloir les faire mourir de soif ou de faim dans le désert. Ils veulent même retourner en Égypte où, à les entendre, c’était l’Eden !
Oui, râler, rouspéter, contester c’est notre malheureuse habitude, et cela commence très tôt, même dans la prime jeunesse.
Je me souviens combien j’étais critique à l’égard de la cuisine de ma mère qui ne ménageait pourtant ni sa peine ni ses efforts pour nourrir journellement une tablée de dix personnes. Mon père me disait souvent : Tu verras combien le service militaire te fera apprécier les bons petits plats mijotés par ta mère. »
Et effectivement, à ma première permission j’étais heureux de retrouver la tablée familiale et le fumet, oh combien délicieux ! des mets préparés par maman.
Mon père voyant avec quel bon appétit je dévorais le repas, me fit cette remarque : « Alors, elle est bonne la soupe de maman ? » Ah oui ! les amis, c’était autre chose que le rata de l’armée, et j’avais maintenant honte d’avoir si méchamment dénigré les bienfaits de Dieu et l’excellente cuisine de ma mère.
Mais, revenons à nos moutons, car le slogan « Travailler plus pour gagner plus » et même « travailler sept jours sur sept », comme le préconisent certains, est une grave entorse à la volonté divine.
Nous devrions, nous chrétiens, avoir pour le jour du repos du Seigneur une attitude ferme, un saint respect de ce commandement en refusant de nous laisser séduire par les propos mercantiles de notre société.
Pour beaucoup de gens,, l’ouverture des commerces le dimanche est une bonne chose. Ils disent qu’ils sont plus détendus pour faire leurs achats ; qu’ils ont plus de temps ; qu’ils sont moins bousculés, moins stressés, etc., mais tous oublient que ceux qui travaillent ce jour-là pour les servir, eux, ne peuvent pas sanctifier le jour du Seigneur.
Sans tomber dans le légalisme du sabbat ou du dimanche, il est bon de réserver une journée à Dieu et de répondre à son invitation pour puiser aux sources de sa grâce les mille bienfaits spirituels qu’il veut nous offrir dans sa Parole, dans le sacrement de la cène et dans le culte.
Si nous, chrétiens, nous faisons du dimanche une règle de vie pour effectuer nos achats, alors nous donnons au monde un bien mauvais exemple. Nous méprisons le jour béni du Seigneur et nous encourageons notre prochain à faire de même.
D’autres peut-être diront : Où est le mal ? Puisqu’en allant faire mes achats les dimanches je permets à une foule d’employés de gagner plus d’argent. Je leur fais donc du bien !
Ne tenons pas de faux raisonnements comme les pharisiens en disant : Lorsque je fais mes achats le dimanche, je permets à des vendeuses et vendeurs d’arrondir leur fin de mois ; je fais donc une offrande à Dieu, ce qui me dispense d’assister au culte, car alors, à nous aussi, Jésus pourrait nous faire ce juste reproche :
« Hypocrites vous m’honorez des lèvres mais votre cœur est éloigné de moi. » (Mt 15.5)
« Votre cœur est éloigné de moi ! » Curieux, que beaucoup d’éminents économistes de notre temps ne prennent pas en considération cette parole du Christ pour expliquer le chômage, la pauvreté et la misère qui s’abattent sur notre société de consommation où Dieu est totalement absent.
Le dieu Mammon n’est pas mort ! Bien au contraire. Même les riches sont insatisfaits de leurs richesses, et cherchent à les accroître par tous les moyens !
Dans une parabole, Jésus, nous met les points sur les i : Un paysan richement béni, au lieu de rendre grâces à Dieu, fait des projets pour devenir encore plus riche et pour se préparer une heureuse fin de vie. Mais la sentence tombe et elle ne devrait laisser personne indifférent :
« Insensé ! cette nuit même ton âme te sera redemandée; et ce que tu as préparé, pour qui sera-ce? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche pour Dieu. » (Lc 12.16-21)
Si Dieu nous demande de lui réserver une journée, c’est qu’il veut que nous nous souvenions qu’il est le maître et le Créateur de toute chose. Il veut, que ses enfants lui réservent une journée pour le remercier, le bénir et le louer.
Il veut, pour la santé de notre âme, que nous répondions à son invitation et que nous nous laissions nourrir de tous les moyens de grâce qu’il nous offre dans le culte. Car nous aussi, comme le peuple de l’ancienne alliance, nous avons été délivrés de l’esclavage du péché et nous avons chaque jour besoin du pardon de notre Dieu et de l’action bénéfique du Saint Esprit.
Le diable voudrait nous faire croire que la seule chose qui compte c’est le gagne-pain et le fameux pouvoir d’achat. Écoutez ce que Jésus répond au tentateur :
« L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4.4)
« Gagnez plus et tout perdre, » voilà l’objectif de celui qui est meurtrier dès le commencement, c’est-à-dire notre ennemi, le diable. Et Jésus notre Sauveur nous met en garde contre cet activisme mercantile qui nous fait oublier Dieu.
« Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ? Ou, que donnerait un homme en échange de son âme ? » (Mt 16.26)
Il y a quelques années, une compagnie pétrolière invitait les automobilistes à mettre « un tigre dans leur moteur » pour, sous entendu, obtenir plus de puissance. Eh bien, les amis, Dieu nous a donné le dimanche pour faire le plein, gratuitement, de tous les bienfaits de sa grâce.
Voilà la vraie richesse qu’il faut rechercher toutes affaires cessantes. Le Christ Sauveur, le pain béni venu du ciel qui donne la vie éternelle, voilà ce qui fait la force d’un homme, d’une famille et d’un pays car :
« Si l’Éternel ne bâtit la maison, Ceux qui la bâtissent travaillent en vain; Si l’Éternel ne garde la ville, Celui qui la garde veille en vain. En vain vous levez-vous matin, vous couchez-vous tard, Et mangez-vous le pain de douleur; Il en donne autant à ses bien-aimés pendant leur sommeil. » (Ps 127.1-2)
Chers amis, que Dieu nous accorde la grâce de faire nôtres les exhortations qu’il nous adresse :
« Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier ! » (Ex 20.8)
« car ce sera entre moi et vous, et parmi vos descendants, un signe auquel on connaîtra que je suis l’Éternel qui vous sanctifie. » (Ex 31.13)
« Ne vous livrez pas à l’amour de l’argent ; contentez-vous de ce que vous avez ; car Dieu lui-même a dit : Je ne te délaisserai pas, et je ne t’abandonnerai pas. » (Hé 13.5)
« C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement. » (1Tm 6.6) Amen.