« […]. Je vais au culte dans une Eglise qui n’est pas luthérienne. […], ils restent dans le vague quant à la présence du corps et du sang du Christ dans les éléments. […]. » (courrier transmis par un pasteur.)
La présence du corps et du sang du Christ dans la Cène ne s’explique pas rationnellement, scientifiquement. Ce n’est pas pour rien que l’apôtre Paul la range avec le Baptême dans la catégorie « mystères de Dieu » (1 Co 4.1).
Cela ne signifie pas qu’on n’en sait rien, mais on n’en sait que ce que le Christ nous en dit, lui qui l’a instituée (Mt 26.26-29 ; Mc 14.22-25 ; Lc 22.15-20 ; 1 Co 11.23-29).
Il dit quand même quelques vérités qui sont tout sauf vagues, même si elles dépassent notre faculté de compréhension. Ses mots disent ce qu’ils disent, même si nous ne comprenons pas comment cela se peut.
1
Il dit d’abord d’utiliser comme éléments du pain et du vin. « Il prit du pain […], le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez ! […] Il prit ensuite une coupe, puis il la leur donna en disant : Buvez-en tous […] de ce fruit de la vigne. » (Mt 26.26-29)
Il y en a qui aimeraient voir dans « ce fruit de la vigne » autre chose que du vin. Il faut quand même se rappeler que cela se passe en avril, des mois après les vendanges, et qu’à l’époque, à moins de faire bouillir le jus à la sortie du pressoir, on ne pouvait conserver « le fruit de la vigne » que sous forme de vin ou de vinaigre.
La « Mischna », texte faisant autorité dans les écoles rabbiniques, indique que lors de la Pâque juive, ce qu’on buvait, c’était du vin. On l’appelait « fruit de la vigne » depuis toujours.
Il est clair aussi que les éléments pain et vin n’ont pas été transformés en autre chose avant que les communiants ne les reçoivent : Paul indique que c’est toujours du pain et du vin qu’on « mange » et qu’on « boit » (1 Co 11.27).
2
Mais Jésus dit encore autre chose. En distribuant le pain, il dit : « Ceci est mon corps » et en donnant à boire le vin il dit : « Ceci est mon sang ! » (Mt 26.26-27 ; Mc 16.22+24).
Là aussi, Jésus est très précis. Les textes sacrés utilisent le verbe être qui indique clairement qu’en recevant le pain et le vin de la Cène nous recevons son corps et son sang. Les paroles sont claires, même si cela nous dépasse.
On ne peut même pas faire valoir que notre Seigneur recourrait à une façon symbolique de parler, que ce ne serait pas vraiment son corps et son sang que nous y recevrions. On ne peut le dire, car il précise sans ambigüité :
a) ce que nous recevons en même temps que le pain, c’est « mon corps qui est donné pour vous » (Lc 22.19 ; 1 Co 11.24) ; et
b) ce que nous recevons en même temps que le vin, c’est « mon sang versé pour le pardon des péchés » (Mt 26.28 ; Mc 16.24 ; Lc 22.20).
A moins de soutenir que Jésus n’a pas donné son vrai corps sur la croix ni versé son vrai sang (et donc que toute la scène de la crucifixion était du bluff), il est impossible d’affirmer que Jésus ne nous donne pas son vrai corps et son vrai sang dans la Cène.
Incompréhensible ? D’accord. Les apôtres et évangélistes n’avaient pas pour mission de démontrer l’Evangile mais de l’annoncer, d’en être les « témoins » (Ac 1.8). Un témoin rapporte ce qu’il a vu ou entendu, même s’il ne peut pas l’expliquer.
Aussi, s’agissant du « corps » et du « sang » de notre Seigneur, parlons-nous de « manducation sacramentelle », d’une façon de manger et de boire propre à ce sacrement et distincte de la façon naturelle avec laquelle nous recevons les aliments et les boissons.
Cela demeure un « mystère », mais un mystère annoncé en des termes simples et clairs, un mystère surtout qui nous apporte réconfort et joie … « pour le pardon de nos péchés » (Mt 26.28), pour notre vie et notre salut.