L’AVENIR D’UNE PAROISSE
SELON L’APÔTRE PIERRE DANS SES EPÎTRES

(Le texte ci-dessous a été écrit pour le cinquantième jubilée de la Paroisse Evangélique Luthérienne St-Pierre de Châtenay – Le Plessis (Hauts-de-Seine). Mais ce message s’applique à n’importe quelle paroisse. – la rédaction)
« Que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus, notre Seigneur ! » (2 P 1.2)
Une Relation Spéciale et Directe avec Pierre ?
Il y a cinquante ans, notre paroisse a pris le nom « St-Pierre ». Cela veut-il dire que nous avons d’Abraham », on ne quitte plus ce havre de paix et de félicité (Lc 16.19-31),
Cela vaut pour tous les croyants, aussi pour les apôtres, y compris pour Pierre. Il est dans la paix du Seigneur, « heureux dès à présent » (Ap 14.13), débarrassé des problèmes et malheurs de ce monde et sans contact avec eux. Autrement dit, nous n’entretenons pas une relation personnelle directe avec cet apôtre.
Si notre paroisse a pris, il y a cinquante ans, le nom de cet apôtre, et si nous l’arborons sans complexe, c’est que nous confessons avec Pierre – comme d’ailleurs avec tous les auteurs divinement inspirés de l’Ancien et du Nouveau Testament (cf 2 P 1.21 – « que le Seigneur est bon » (1 P 2.3).
« En effet, aucun message de prophète n’a jamais été apporté par une volonté humaine : c’est portés par l’Esprit saint que des humains ont parlé de la part de Dieu. » (2 P 1.21) Comme exemple, voir Es 53.
Pour parler avec Pierre : la « semence incorruptible » qu’est « la Parole vivante et permanente de Dieu » nous a « régénérés » (1 P 1.23), et nous « bénissons » avec Pierre « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour une espérance vivante, pour un héritage impérissable, sans souillure, inaltérable, qui vous est réservé dans les cieux ! » (1 Pierre 1.3-4)
Et j’en viens plus précisément au thème de :
« REFLEXIONS SUR L’AVENIR ».
Avec Pierre, notre regard est porté vers l’avenir
Pierre – comme Paul, ou comme Abraham ou Esaïe – fonde sa foi et son espérance exclusivement sur l’œuvre accomplie par Jésus-Christ il y a près de deux mille ans.
« Ce salut, les prophètes qui ont parlé de la grâce qui vous était destinée en ont fait l’objet de leurs recherches et de leurs investigations.
Ils se sont appliqués à découvrir quelle époque et quelles circonstances désignait l’Esprit du Christ qui était en eux, Esprit qui, d’avance, attestait les souffrances du Christ et la gloire qui s’ensuivrait.
Il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient ministres de ces choses, qui maintenant vous ont été annoncées par l’entremise de ceux qui vous ont communiqué la bonne nouvelle, avec l’Esprit saint envoyé du ciel; c’est en ces mêmes choses que les anges désirent plonger leurs regards. » (1 P 1.10-12)
Mais il dirige notre regard aussi vers l’avenir, même vers l’éternité. S’il rappelle, dans le passé, le centre et le fondement de notre foi comme suit : « Ce n’est pas par des choses périssables – argent ou or – que vous avez été rédimés [rachetés] […], mais par le sang précieux du Christ, comme par celui d’un agneau sans défaut et sans tache. […], » c’est pour en constater le résultat : « de sorte que votre foi et votre espérance sont en Dieu. » (1 P 1.18-21)
En clair : « notre foi » en Jésus-Christ est liée de façon intime et indissociable à « notre espérance » d’avenir et d’éternité. Nous sommes en marche, en mouvement, en voyage, comme « étrangers et voyageurs » ici-bas (1 P 1.11), non pas en touristes qui se laisseraient aller au gré de ce qui les délasse, mais en représentants d’un Dieu sauveur qui nous a confié des responsabilités.
C’est pour cela que nous nous efforçons de « croître dans la grâce et la connaissance de Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur », pour reprendre les termes de la fin de la Seconde Epître de Pierre (2 P 3.18).
Avec Pierre, continuons de « croître
dans la grâce et la connaissance de Jésus-Christ » !
C’est pour cela que nous organisons notre vie paroissiale comme le faisaient les juifs de Thessalonique et de Bérée donnés en exemple dans « les Actes des Apôtres » (Ac 17.2-4+11-12). Ainsi, nous approfondissons ensemble « notre connaissance de Jésus-Christ » dans une lecture et un échange communs en étude ou cercle biblique.
Et là encore, nous voulons prendre exemple sur celui dont notre paroisse porte le nom. Pierre, nous le voyons « croître dans la connaissance de Jésus-Christ » tout au long du Nouveau Testament. C’est pour cela qu’il a pu être « serviteur et apôtre de Jésus-Christ » (2 P 1.1), car au début, il a souvent fait fausse route ; il a dû corriger et ajuster bien des fois ses opinions erronées, voire ses comportements irréfléchis qui venaient, certes, d’une « bonne intention », comme on dit, mais qui passaient à côté de la volonté du Seigneur.
Maintenant, c’est à notre tour de « croître dans la connaissance » de l’Evangile du Christ (2 P 3:18), pour être nous-mêmes plus solidement fondés dans la foi et inébranlables dans l’espérance,
« Réflexions sur l’avenir » ai-je appelé ce que je vous présente. D’abord, parce qu’un anniversaire, s’il est un jubilé, une manifestation de joie et de louange au Dieu qui nous a bénis dans le passé, il est aussi un moment d’invocation pour l’avenir.
Alors, rappelons-nous : notre paroisse – comme n’importe quelle paroisse de par le monde – n’a d’avenir, du moins un avenir en tant que « peuple que Dieu s’est acquis » (1 P 2.9), que dans la mesure où elle continue à se laisser « régénérer par la semence impérissable de la parole vivante et permanente de Dieu » (1 P 1.23) ; dans la mesure, donc, où nous participons à la vie paroissiale en montrant – comme Pierre l’écrit – que « nous estimons ferme la parole prophétique » et que « nous lui prêtons attention » là où on la fait luire, « comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur » (2 P 1.19), aussi dans notre vie naturellement obscure.
Les cultes, les études bibliques, les réunions des jeunes, les entretiens catéchétiques, l’instruction des enfants au catéchisme ou à l’école du dimanche, voilà ce que nous proposons, comme paroisse, pour faire « briller la lampe de la parole prophétique » dans nos cœurs de pécheurs, certes repentants et croyants, donc pardonnés, mais pécheurs quand même.
L’avenir de notre paroisse repose sur notre engagement résolu dans la vie paroissiale, et cette vie s’articule autour des cultes et des études et cercles bibliques, des réunions des jeunes et des catéchismes. C’est là que l’Esprit Saint nous « régénère », nous vivifie :
Dans le culte, en nous entraînant par la liturgie, les chants, la prédication et les sacrements dans la rencontre avec notre Dieu Sauveur ;
Dans les études bibliques, par l’enrichissement mutuel des apports des uns et des autres, par une communion et des échanges autour du Seigneur et de sa Parole. Et plus on s’encourage ainsi mutuellement par les expériences et les bénédictions vécues par les uns et les autres, et plus nous en retirerons du bénéfice pour notre propre vie spirituelle, plus aussi nous nous mettrons à rayonner notre foi en Jésus-Christ autour de nous.
Dans sa Parole, nous avons « goûté que le Seigneur est bon » (1 P 2.3). Et quand on a découvert que quelque chose est bon, on en veut davantage.
Aussi, par notre participation responsable dans les activités de la paroisse, nous montrons, « comme des enfants nouveaux-nés », que nous « désirons le lait non frelaté de la parole, afin que par lui nous croissions pour le salut » (1P 2.2).
C’est ainsi – pour parler avec Pierre – que « le Dieu de toute grâce, qui, en Jésus-Christ, nous a appelés à sa gloire éternelle, nous formera lui-même, nous affermira, nous rendra forts et inébranlables. » (1 P 5.10)
Comme Pierre, nous sommes « envoyés » dans ce monde
Les activités paroissiales sont aussi faites pour nous équiper pour la mission que notre Seigneur nous a confiée durant notre passage sur terre, pour pouvoir aller au-devant de ceux qui ne connaissent pas encore leur Sauveur, pour être, comme Pierre, des « envoyés de Jésus-Christ ».
Peut-être certains objecteront-ils : « Bon, d’accord. Mais Pierre c’est Pierre, et nous c’est nous. Pierre était « apôtre », nous non. »
Bien entendu, aucun d’entre nous ne fait partie du cercle des « apôtres » tels que Pierre les définit dans Ac 1.21-22 : des « hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus allait et venait à notre tête, à commencer par le baptême de Jean et jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, » des « témoins de sa résurrection ».
Non, aucun de nous n’est « apôtre de Jésus-Christ » (1 P 1:1) dans ce sens restreint. Mais « apôtre » signifie « envoyé ». Et « envoyés dans le monde » (Jn 17:18), nous le sommes tous, nous le savons. Nulle part, dans la Bible, le Seigneur nous demande de nous confiner avec notre témoignage entre les quatre murs de nos appartements et de notre centre paroissial. Cela, ce n’est pas être envoyé, cela c’est être confiné, être assigné à résidence, idée tout à fait étrangère à l’Eglise de Jésus-Christ que nous sommes.
Nous savons que notre Seigneur priait déjà son Père : « Comme tu m’as envoyé, je les ai envoyés dans le monde » (Jn 17.18). Et nous nous sentons éminemment honorés – sans l’avoir aucunement mérité – d’être « envoyés » par Jésus-Christ comme ses émissaires particuliers, car Pierre nous a écrit :
« Vous, par contre, vous êtes une lignée choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, pour que vous annonciez les hauts faits de celui qui vous a appelés des ténèbres à son étonnante lumière. » (1 P 2:9)
« REFLEXIONS SUR L’AVENIR » ai-je appelé ce que je vous présente. Notre paroisse – comme n’importe quelle paroisse de par le monde – n’a d’avenir, du moins un avenir en tant que « peuple que Dieu s’est acquis » (1 P 2.9), que dans la mesure aussi où, après avoir inspiré l’Evangile salutaire du Christ, pour ne pas mourir asphyxiés, nous l’expirons aussi autour de nous en « annonçant les hauts faits de celui qui nous a appelés des ténèbres à son étonnante lumière » (1 P 2.9)
Pierre – comme les autres apôtres et, bien entendu, comme notre Seigneur lui-même – nous a appris que le rayonnement missionnaire est le propre d’une paroisse qui vit. Si ce rayonnement manquait à notre paroisse, nous risquerions de nous asphyxier et la paroisse de se scléroser. Non seulement nous ne voulons pas cela, mais nous ne remplirions plus non plus notre rôle de lumière dans les ténèbres environnantes.
Je ne connais pas les statistiques de la pratique religieuse à Châtenay-Malabry et environs – je ne sais même pas si cela existe – mais ça m’étonnerait fort qu’en additionnant les « pratiquants » – comme on dit en France – de toutes les communautés d’ici, on arrive à un dixième de la population.
Comme Pierre, nous vivons et oeuvrons « dans la dispersion »

Nous sommes une paroisse qui connaît les problèmes de « la dispersion ». Mais, justement, Pierre a beaucoup de choses à nous dire à ce sujet. Lui-même travaillait auprès de l’Eglise « dans la dispersion ». Ainsi, sa première Epître l’adresse-t-il « à ceux […] qui vivent en étrangers dans la dispersion » (1 P 1.1). Cette lettre s’adresse donc bien aussi à nous, dans notre situation particulière !
« Etrangers, » nous nous sentons de plus en plus au fur et à mesure que le style de vie de nos contemporains – et, à sa suite, petit à petit, mais inlassablement, les lois de notre Etat – s’écartent progressivement de la loi naturelle ou morale qu’on refoule du cœur où Dieu l’avait inscrite.
C’est notre lot que d’être, spirituellement parlant, « étrangers » là où nous vivons, entourés de ce que Pierre appelle – déjà ! – « la pourriture » ambiante (2 P 1:4). Notre Seigneur nous a déjà dit que, si nous sommes encore « dans le monde », nous ne sommes cependant « plus du monde » qui court à sa perte (Jn 17.11+14+16).
Grâce à notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, nous appartenons déjà à un monde meilleur – « notre citoyenneté est dans les cieux » comme l’écrit Paul de son côté (Ph 3:20)
réservé dans les cieux » (1 P 1.3-4), « des cieux nouveaux et une terre nouvelle, où la justice habitera » (2 P 3:13).
Mais nous sommes pleinement engagés dans ce monde-ci, avec des tâches à accomplir, des responsabilités à endosser, dans l’Eglise, mais ailleurs aussi, prioritairement dans la famille, mais aussi ailleurs dans la société.
« Ayez une belle conduite parmi les gens » (1 P 2.12) dit Pierre par ex., et d’énumérer comme cadres de cette « bonne conduite » entre autres les lois du pays, le monde du travail, la famille, la vie conjugale. Pourquoi « avoir » ainsi « une belle conduite parmi les gens » ? La réponse est claire : Comme moyen d’intriguer, d’intéresser les incroyants, d’entrer en contact avec eux.
Notre « dispersion » nous complique sans doute quelque peu la vie paroissiale. Mais, sans le nier, il faudrait peut-être commencer par montrer que « nous savons » et que nous croyons – comme le dit Paul – « que tout coopère pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28) – et que nous devons donc nous efforcer de découvrir en quoi et comment notre « dispersion » peut servir « le bien », comment elle peut être tournée en avantage, au profit d’une vie paroissiale active et rayonnante.
« Ayez une belle conduite
parmi les gens des nations, »
1. « pour que, sur le point même où ils vous accusent de faire le mal, ils voient vos belles oeuvres et glorifient Dieu au jour de son intervention. » (1 P 2.12)
2. « afin que, sur le point même où on vous accuse, ceux qui injurient votre bonne conduite dans le Christ soient pris de honte. » (1 P 3.16)
Pierre nous donne un conseil de portée générale : « Dans votre cœur, consacrez le Christ comme Seigneur, soyez toujours prêts à présenter votre défense devant quiconque vous demande de rendre compte de l’espérance qui est en vous, mais faites-le avec douceur et respect, en ayant une bonne conscience. » (1 P 3:15-6)
N’ayez ni « honte de l’Evangile, puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16) ni peur de témoigner en toute simplicité et « bonne conscience ».
« Vous-mêmes, pierres vivantes »
Un dernier mot.
Nous fêtons les cinquante ans de notre paroisse, mais aussi du centre paroissial, de l’immeuble. C’est, justement, le bâtiment que Pierre utilise comme parabole pour parler de nous, de notre rôle dans l’Eglise :
« Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, construisez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des sacrifices spirituels, agréés de Dieu, par Jésus-Christ ? » (1 P 2.5)
« Construisez-vous ! » Pas n’importe où ni n’importe comment. Le divin architecte nous dit par Pierre :
« Je vais poser en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse, – il parle de « Jésus-Christ, unique fondement » de l’Eglise (1 Co 3.11) – « et celui qui place sa foi sur lui » – celui qui construit sa vie sur lui – « ne sera jamais pris de honte, » ne se fera pas avoir, ne perdra pas sa face : il aura construit sur du solide, sur Jésus-Christ. « L’honneur est donc pour vous qui croyez, » qui placez votre foi et votre vie sur Lui ! (1 P 2.6-7)
Pour construire une maison, les services du maçon ne suffisent pas ; il faut aussi ceux des plâtriers, des électriciens, des plombiers, des chauffagistes, des menuisiers, des peintres, etc.
Pierre aussi ne se contente pas de dire : « Construisez-vous pour former une maison spirituelle ! » Il donne en plus quelques indications sur la diversité des choses à faire dans cette entreprise de construction, la règle étant la suivante :
« Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce ; vous serez ainsi de bons intendants de la grâce si diverse de Dieu. » (1 P 4.10)
C’est en nous conseillant mutuellement, en nous instruisant les uns les autres, en nous épaulant et en nous encourageant mutuellement, le tout autour et à la lumière de la Parole de Dieu, c’est en montrant les uns aux autres combien nos méditations et études de l’Evangile en paroisse sont précieuses et importantes à nos yeux, que la paroisse connaît un rayonnement, c’est ainsi qu’elle est en bénédiction pour ceux qui la composent, comme pour ceux qui la fréquentent.
C’est cela aussi – être là pour les autres, apporter sa pierre à l’édifice (et ne pas cacher sa pierre sous son lit) – c’est cela aussi « vivre […] selon la volonté de Dieu pendant le temps qui nous reste à vivre dans la chair. » (1 P 4.2)
« A lui la gloire, maintenant et jusqu’au jour de l’éternité ! Amen ! » (2 P 3.18)