Il y a 1640 ans (2.05.373 – 2013) :
Mort d’ATHANASE
Athanase d’Alexandrie (295-373),
mosaïque (1130-1140),
Chapelle Palatine, Palerme, Sicile
Dans l’Eglise luthérienne, on a coutume de confesser le Symbole de Nicée-Constantinople au moins tous les jours de fête. Il est plus solennel et plus détaillé que le Symbole apostolique. La raison en est simple, même si son adoption est le résultat d’une lutte compliquée. Celui qui en est l’auteur – en tout cas le porteur et défenseur – principal, c’est Athanase d’Alexandrie.
Il y a 1640 ans mourait ce champion de la foi évangélique. C’est l’occasion d’en apprendre un peu davantage sur son compte. Sa vie et son ministère s’inscrivent dans la controverse les tensions provoquées par l’Arianisme
à propos de la Personne du Christ
La controverse arienne (318-381) qui divisa l’Eglise, tombait mal pour les politiques dont les efforts tendaient à établir l’unité de l’Empire sur l’unité religieuse du christianisme. D’où leur intervention – pour demander à l’Eglise de régler ce problème.
La controverse arienne tournait autour de la question de la divinité du Christ, et plus particulièrement : Est-ce qu’avant son incarnation il était pleinement Dieu ou qu’un demi-dieu ?
1ère phase (318-325)
Arius, adepte d’un ascétisme extrême, était presbytre à Alexandrie (Egypte). Selon lui, la « nature » du Christ serait différente de celle de Dieu. Il serait une créature de Dieu, bien que créature unique et supérieure, créée à partir de rien. Il est appelé « dieu », mais ne le serait pas en réalité.
En 318, Arius et ses adeptes sont excommuniés par un Synode égypto-libyen à Alexandrie. Mais il trouve refuge chez l’évêque Eusèbe de Nicomédie. Il peut même revenir à Alexandrie, et la controverse reprend de plus belle.
En 325, le Premier Concile Œcuménique est convoqué par Constantin le Grand à Nicée en Bithynie (nord de la Turquie actuelle). 250 ou 300 évêques sont présents (dont 5 venus d’Occident). Les partis en présence étaient :
a) les ariens, aussi appelés « Eusébiens », du nom de leur meneur, l’évêque Eusèbe de Nicomédie ;
b) les « origéniens », adeptes d’Origène, avec comme meneur l’évêque Eusèbe de Césarée ;
c) les « orthodoxes » avec Alexandre d’Alexandrie, Marcel d’Ancyre, Hosius de Corduba, les évêques d’Occident. Sur l’injonction de l’empereur Constantin, le Concile adopte une « Confession de Foi ». A une confession du baptême existante, on a rajouté
les précisions anti-ariennes suivantes à propos du Christ :
« qui n’a pas été fait mais engendré »,
« né de la substance du Père », « de la même substance que le Père
le rejet d’affirmations ariennes :
« L’Eglise de Dieu sainte et apostolique prononce l’anathème sur ceux qui disent :
« il fut un temps où il n’a pas existé et il n’exista pas avant de devenir ; ou bien : il a été fait à partir de rien, ou bien encore : il est d’une autre hypostase ou substance ;
ou enfin : il est une créature, ou différent de Dieu »
Le théologien le plus éminent du Concile de Nicée a été Athanase d’Alexandrie.
2ème phase (325-361)
Le Concile de Nicée avait empêché la théologie de se liquéfier dans des spéculations philosophiques. Mais des trois partis en présence, deux ont continué à s’opposer vigoureusement au « homoousios », en particulier à son « champion », ATHANASE.
Lorsque, après le Concile, Constantin rejoignit le camp des opposants, les « orthodoxes » connurent des temps très difficiles.
En 328 l’arien Eusèbe de Nicomédie fut autorisé à retourner dans son évêché.
En 335 Athanase fut exilé à Trèves (Germanie) ; de même que d’autres « nicéens » (Marcel d’Ancyre, 336).
En 336 Arius fut autorisé à réintégrer son ministère ; il mourut cependant avant d’avoir pu donner suite.
En 337 les trois fils de Constantin – Constantin II (337-340), Constant (337-350) et Constance (337-361) – commencent par rappeler tous les exilés, mais Constance entame tout de suite (dans sa partie de l’Empire, l’Orient) une politique ecclésiale opposée aux décisions du Concile de Nicée.
En 338 Athanase est déposé (comme d’autres « orthodoxes ») et fuit à Rome (chez Constant).
Les ariens reprennent le dessus, bien qu’un Synode de Rome (Jules 1er, évêque de Rome) déclare Athanase et Marcel « orthodoxes » en 340.
En 344, pour des raisons politiques (guerre contre les Perses), Constance cherche la paix intérieure.
En 346 Athanase peut revenir à Alexandrie. Le « homoousios » (consusbstantiel = Christ de même nature que le Père) semble être admis, la concorde rétablie.
Mais en 350, Constance se retrouve seul empereur (aussi en Occident). La lutte recommence.
Le Synode d’Arles (en 353) et le Synode de Milan (en 355) sont forcés par l’empereur de condamner Athanase et de rejeter la vérité biblique du « homoousios ». Les défenseurs décidés de cette vérité biblique sont exilés.
En 356 l’armée donne l’assaut de la cathédrale d’Alexandrie, mais Athanase peut fuir dans le désert.
Loin de rétablir l’unité en chassant les nicéens, les anti-nicéens se divisent en trois partis différents, certains cherchant l’unité en recourant à des compromis : ils proposent de remplacer « homoousios » par « homoïousios », « similitude ».
En 359 les Synodes de Ariminum (aujourd’hui Rimini, Italie) pour l’Occident et de Séleucie (aujourd’hui en Turquie) pour l’Orient furent obligés par Constance d’adopter une position arienne.
3ème phase (361-381)
Après la mort de Constance, la liberté de religion décrétée par Julien l’Apostat (361-363) permet à tous les exilés de rentrer. Il y a encore une fois des temps difficiles sous l’empereur arien Valens ; mais finalement, la foi biblique prend le dessus sur l’arianisme grâce aux trois grands théologiens appelés les « Cappadociens » :
• Basile-le-Grand (mort en 379), métropolite de Césarée de Cappadoce à partir de 370) ;
• Grégoire de Nazianze (mort en 390), ami du précédent, métropolite de Constantinople (380-381) ;
• Grégoire de Nyssa (mort en 394), frère plus jeune de Basile, évêque de Nyssa en Cappadoce.
En 362, le Synode d’Alexandrie distingue entre l’« ousia » – la substance commune au Père, au Fils et au Saint Esprit – et l’« hypostase », leur existence individuelle.
Basile-le-Grand écrit : « L’hypostase est la désignation particulière de l’être de chacun. Il y a donc trois hypostases divines, mais une seule « ousia » ou substance divine. »
Le 2 mai 373, Athanase d’Alexandrie peut quitter ce monde après avoir vu son combat béni par Dieu.
Il aura été métropolite (patriarche) d’Alexandrie de 328 à 373. De ces 45 ans, il aura passé 16 en exil ou en fuite (335-337 ; 338-346 ; 356-361). Mais les souffrances endurées pour sauver la pureté de l’Evangile ne l’ont pas été en vain.
Il a produit des écrits anti-ariens : « Oraison contre les Ariens » ; « Apologie contre les Ariens » ; « Apologie adressée à Constance » ; « Histoire des Ariens… » ; « Des Décrets du Synode de Nicée » ; « De l’Incarnation du Verbe », mais aussi une « Vie d’Antoine ».
Huit ans après la mort d’Athanase, en 381, le Concile de Constantinople confirme et complète la confession de Nicée et condamne toute une série de déviationnistes dont les ariens.
En 382, deux assemblées se tiennent parallèlement : le Concile de Constantinople et le Synode à Rome. Les deux – donc l’Eglise d’Orient et l’Eglise d’Occident – adoptent ce qu’on appelle aujourd’hui
« le Symbole de Nicée-Constantinople » (Symbole de Nicée amendé et complété).