La résurrection de Jésus et notre quotidien

Quand il est question de Pâques et de la résurrection de notre Seigneur, le plus souvent on s’entend tout de suite parler de notre résurrection à nous, les croyants, pour la vie éternelle.

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C’est juste, c’est vrai, c’est capital, c’est rassurant et réconfortant… et c’est incomplet, catastrophiquement incomplet. Évidemment, le but ultime de la résurrection du Seigneur, c’est notre future résurrection pour la vie éternelle. Évidemment, la certitude du salut éternel dégage notre avenir d’une lourde hypothèque, d’un spectre horrible : celui de la mort et de la damnation éternelles. Évidemment que la Bonne Nouvelle de la victoire de Jésus sur la mort nous aide à affronter notre mort. Évidemment que nous nous y préparons – et accompagnons nos amis mourants – en méditant cette bonne nouvelle de notre résurrection suivie de notre félicité éternelle.

Mais… oui, il y a un mais : Mais Dieu nous veut encore sur terre et il sait qu’à côté des bonheurs et des joies que nous y connaissons, nous y sommes aussi confrontés à bien des problèmes, nous connaissons et devons encore surmonter bien des souffrances. Le réconfort venant de la résurrection du Christ, nous en avons déjà besoin pour maintenant, pour ici. Et cela, notre Dieu bon et miséricordieux le sait. Aussi, si le but ultime de la résurrection du Seigneur, c’est notre future résurrection pour la vie éternelle, le but premier – chronologiquement parlant – c’est notre nouvelle vie sur terre.

Dieu n’a pas envoyé son Fils mourir et ressusciter pour nous pour que nous n’en retirerions les bienfaits qu’après notre mort. Comme si Pâques n’avait rien à nous dire pour notre quotidien. Comme si Dieu nous disait : « Attendez de mourir pour jouir des bienfaits de la résurrection de mon Fils ! » Il ne se prive pas de nous parler de bénédictions que nous retirons de la résurrection de notre Seigneur dès maintenant. C’est maintenant que nous avons besoin d’assurance et de foi en lui.

C’est au milieu des situations absurdes dans lesquelles nous pouvons nous trouver, confrontés à des crises de couple ou intergénérationnelles, en présence de victimes de foyers en déliquescence, face aux sarcasmes ou à l’hostilité des incroyants, frappés par une maladie incurable, accablés devant le lourd handicap d’un proche ou d’un voisin, abattus à côté de victimes de l’injustice sociale ou de choix économiques désastreux, c’est déjà là que nous avons besoin du message de la croix et du tombeau vide de Pâques. Notre Père céleste le sait. Aussi ne nous fait-il pas dire : « Ne vous en faites pas ! Dans l’éternité ce sera différent ! »

Oui, bien sûr, mais il sait que nous n’y sommes pas encore, que nous devons tenir jusque là, et cela ne peut se faire que s’il nous « regonfle » avec la consolation et le réconfort que Pâques veut déverser sur notre quotidien, que si ses pasteurs et nos frères et soeurs dans la foi appliquent ce miracle divin à notre situation quotidienne.

« Jésus notre Seigneur est ressuscité pour notre justification » (Rm 4.25), pour que Dieu nous déclare juste, nous crédite de la justice de Jésus. Là, Paul met la résurrection de Jésus en rapport direct avec notre quotidien, notre foi de tous les jours : la résurrection de Jésus nous permet de nous savoir pardonnés par Dieu et réconciliés avec lui. Or, « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Qu’est-ce qui peut alors vraiment nous nuire ? (Rm 8.31) La grande, la merveilleuse nouvelle de Pâques, c’est que Jésus nous aspire, nous entraîne dans sa résurrection. Paul nous écrit : « Vous êtes aussi ressuscités en et avec lui par la foi en la puissance du Dieu qui l’a ressuscité. » (Col 2.12)

« Vous êtes ressuscités » (présent), pas : « vous allez ressusciter » (futur). « En et avec lui, » en connexion et par la vertu de la résurrection de Jésus. L’Église et ses bergers ne peuvent jamais assez nous montrer que le divin Ressuscité nous a unis à lui, le Victorieux, dès ici-bas. Unis à lui, « ressuscités en et avec lui », nous ne devrions jamais plus nous sentir seuls dans nos problèmes.

Au contraire, dans la foi, en nous appuyant ou nous accrochant avec foi à notre Seigneur ressuscité, il ne peut que nous faire aboutir à une issue bénéfique, même si elle n’est pas nécessairement celle que nous attendions. Ayons cette confiance en lui qui nous a aimés jusqu’à se sacrifier pour nous : il ne va pas se désintéresser de nous, maintenant qu’il a vaincu. Au contraire, ceux qui placent leur foi en lui partagent les bienfaits de cette victoire dès maintenant.

« Je vous ai dit ces choses af in que vous ayez la paix en moi. Vous aurez à souffrir dans le monde, mais prenez courage : moi, j’ai vaincu le monde ! » ( Jn 16.33) « Tout ce qui est né de Dieu remporte la victoire contre le monde, et la victoire qui a triomphé du monde, c’est votre foi ! » (1Jn 5.4)

Quand, l’Écriture Sainte fait-elle autorité ?

Luther_statue.jpg Il y a en ce moment un débat dans certaines Églises à propos du « mariage » homosexuel. L’Église peutelle les bénir ou non ? Parmi les arguments avancés par ceux qui sont tentés de dire oui, il y en a un qui est très subtil ; on mélange une vérité à une erreur : « Le mariage ne fait pas partie des sacrements » dit-on ; « alors, pourquoi ne pas bénir les unions homosexuelles ? »

Effectivement, il n’y a que deux sacrements : le Baptême et la sainte Cène – ça, c’est la vérité – mais on ne peut pas faire sous-entendre qu’on peut faire n’importe quoi lorsqu’on n’a pas affaire à un sacrement – ça c’est l’erreur. Il est vrai, l’Église a toujours distingué entre vérités fondamentales et vérités non fondamentales. Toutes sont divines, car révélées par Dieu dans la Bible ; donc, toutes font autorité, mais toutes n’ont pas la même importance pour notre salut. Les vérités fondamentales le sont parce que si on les rejette, la foi n’a plus de fondement sur lequel s’appuyer pour être sauvé. Elles sont fondamentales pour être sauvé.

On distingue d’abord les vérités fondamentales premières : On ne peut pas être sauvé si on rejette la doctrine du péché et de ses conséquences, la doctrine du Christ – de sa personne et de son oeuvre de rachat accomplie à notre place pour nous sauver –, la doctrine de la résurrection et celle de la foi en l’Évangile, la Bonne Nouvelle du Christ.

Ce sont là dés vérités fondamentales à croire pour être sauvé, des vérités fondamentales premières. Les vérités fondamentales secondaires sont celles concernant les sacrements. Une personne peut ignorer ces doctrines ou même en avoir une idée erronée, et cependant être sauvée si elle s’attache à la promesse du pardon offert dans l’Évangile.

Mais elle gagne à y fortifier sa foi et à ne pas les déformer si elle ne veut pas ébranler les vérités fondamentales premières. Enfin il y a des vérités non fondamentales pour le salut ; elles ne constituent pas le fondement de la foi en Jésus-Christ, mais elles fortifient par contre notre foi. Par ex. la doctrine à propos des anges ou de l’Antichrist, ou les données historiques, archéologiques et scientifiques contenues dans la Bible. On peut être sauvé sans être au fait de tout cela. Autre est la question : L’Église peut-elle se permettre de dire autre chose que ce que Dieu dit des vérités non fondamentales dans la Bible ? « Toute l’Écriture est inspirée de Dieu.»

Et si Dieu nous l’a donnée, c’est qu’il avait un but : « pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit équipé pour toute oeuvre bonne. » (2Tm 3.16-17) Or, aux disciples, et par-delà eux à toute l’Église et à ses pasteurs, Jésus a enjoint : « Enseignez-leur [aux nations] à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28.20), pas seulement les sacrements, « tout ». L’Église et ses pasteurs ne sont pas maîtres des doctrines de Dieu ; ils ne peuvent pas en « enseigner » les parties qui leur plaisent et « enseigner » autre chose là où quelque chose les gêne.

L’Église et ses pasteurs sont « serviteurs » de Dieu et « du Christ » (1Co 4.1) : ils doivent « rapporter fidèlement la Parole » de Dieu (Jr 23.28), sans « rien y ajouter ni rien en enlever » (Dt 4.2 ; voir aussi Ap 22.18). Il est vrai, on peut être sauvé sans connaître les passages de la Bible à propos de l’homosexualité ou sans être au clair sur ce qu’est la bénédiction. Mais une Église se rend coupable quand elle enseigne aux siens autre chose que ce que Dieu affirme dans l’Écriture Sainte.

Et elle irrite grandement le Seigneur si elle détourne sa bénédiction pour la donner à quelqu’un qui mène une vie ouvertement en opposition à sa Parole. Une telle bénédiction ne vaut rien. La Parole de Dieu doit faire autorité partout où elle affirme, promet ou défend quelque chose.

Le mot du rédacteur

L’Introït du culte de Pâques commence généralement avec cette antienne (ou antiphonie) remontant à l’Église des premiers temps et basée sur les paroles de l’ange dans le tombeau vide (Mt 28.6-7 ; Mc 16.6 ; Lc 24.6) : « Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia ! » Le culte de Pâques est ainsi d’emblée placé sous le signe de la joie et de l’exubérance.

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C’est en quelque sorte – comme cela a été dit récemment dans un cercle biblique – le feu d’artifice qui couronne la victoire que notre Seigneur a remportée à Golgotha sur notre péché, sur notre mort et sur Satan. La fête de Pâques est, pour cela, la plus grande fête de la chrétienté. C’est elle qui donne son empreinte à la vie chrétienne, car cette victoire, Jésus l’a remportée pour nous, pour que nous en profitions pleinement (voir p. 10).

Mais qu’il fut long et douloureux, son chemin menant à cette victoire, long et semé d’embûches, de déceptions et de trahisons (voir p. 5-6) ! Pour cela il a fallu qu’il se sacrifie pour nous sur la croix. Pâques n’a pas de sens sans Vendredi saint ; la résurrection du Christ ne se comprend qu’en liaison avec sa mort expiatoire (voir p. 7-9). Mais si Golgotha est le fondement de notre foi et de notre salut, c’est le tombeau vide de Pâques qui donne son empreinte à notre vie.

Si, Vendredi saint, nous commémorons le sacrifice expiatoire à l’origine de notre salut, à Pâques nous donnons libre cours à notre état d’enfants de Dieu et de citoyens des cieux, état sublime qu’atteste avec éclat la résurrection de Jésus. Et dire que toutes ces bénédictions nous tombent dessus sans que nous y soyons pour quoi que ce soit ! (voir p. 11) Quel Maître merveilleux nous avons en notre Dieu !

Cela, nous le confessons, par exemple dans le Symbole Apostolique (voir p. 12-13). Ne nous lassons jamais de nous placer sous l’action sanctifiante de notre Dieu sauveur là où il veut resserrer ses liens avec nous : dans l’Évangile écrit ou prêché (voir p. 4), dans l’Évangile aussi sous forme de sacrements (voir p. 12-13). C’est ainsi, à son contact, que notre foi pourra s’affermir et s’épanouir et l’Église persévérer dans son oeuvre d’évangélisation des coeurs par ses différents engagements (voir, par exemple, p. 14-23).

Je vais enfin réagir à votre surprise quand vous avez tenu ce nouveau numéro de notre magazine en main. Oui, nous avons changé de mise en page. Nous, c’est beaucoup dire ; nous le devons à Valérie Dran que nous remercions ici chaleureusement.